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N°121 «Etre sage-femme au Niger Les pratiques quotidiennes d’un métier controversé», par Aissa Diarra (2015)

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  • Date de création 22/06/2022
  • Dernière mise à jour 22/06/2022

N°121 «Etre sage-femme au Niger Les pratiques quotidiennes d’un métier controversé», par Aissa Diarra (2015)

Au Niger la dernière estimation statistique concernant la mortalité maternelle montre que le pays continue d’afficher des taux parmi les plus élevés dans le monde. En effet en 2010, le taux de mortalité maternelle se situait à 554 décès pour 100 000 naissances vivantes (INS, 2012). A la même année, le taux de mortalité néonatale affichait aussi un niveau élevé, soit 32 pour 1 000 naissances vivantes. Les sages-femmes (S-F) se retrouvent au cœur des stratégies de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale. Toutefois, paradoxalement, celles-ci représentent une des professions les plus impopulaires auprès des populations et même des autorités sanitaires. Les femmes qui ont eu affaire à elles leur reprochent très généralement leur manque d’égards, leur cupidité, leur violence verbale parfois physique, etc. L’administration de la santé déplore le fait qu’elles se retrouvent en sureffectif dans les milieux urbains, désertant les centres ruraux où on constate un déficit permanent en nombre de leur corps professionnel. Diverses observations menées par le LASDEL confirment que ces reproches sont souvent fondés, même s’il existe bien sûr des exceptions, et si l’on rencontre des S-F admirables.

Ce problème dans le corps des S-F a de nombreuses implications au niveau de la santé maternelle et de la santé de la reproduction. En effet, toute une série de programmes et pratiques reposent sur les S-F. On peut ainsi mentionner : la « maternité sans risques », la promotion de l’accouchement médicalement assisté, la CPN recentrée, la PTME, les SOU et SONU, la GATPA, la planification familiale, les vaccinations. Pour le succès de ces programmes une réforme des pratiques usuelles des S-F serait nécessaire. Or nous savons que pour des réformes réalistes, et donc faisables, il ne s’agit pas simplement de déplorer le décalage entre ce qui est théoriquement demandé aux S-F et ce qu’elles font réellement. Nous pensons qu’il est plus pertinent d’un point de vue analytique et pour une dynamique de transformations positives des pratiques et conduites d’analyser précisément comment ces décalages se produisent et les normes réelles à l’œuvre. Nous nous référons au concept de normes pratiques proposé par Jean-Pierre Olivier de Sardan qui le définit comme étant « les diverses régulations informelles, de facto, tacites ou latentes, qui sous-tendent les pratiques des acteurs ayant un écart avec les normes officielles (ou les normes sociales) »[2] (Olivier de Sardan, 2015 : 27). Le concept est à visée exploratoire comme le souligne l’auteur, de ce fait il est omniprésent dans notre étude comme outil méthodologique nous permettant d’accéder, au-delà du formel, aux mécanismes informels qui participent à la régulation du travail des S-F ainsi qu’aux logiques qui les déterminent. Notre approche par les normes pratiques est transversale sur quatre grands axes qui ont été au centre de nos préoccupations tout au long de nos investigations :

 


[1] Ce rapport est issu du programme de recherche « Les problèmes négligés des systèmes de santé en Afrique », mené par le LASDEL, avec un financement du CRDI (Canada). Ce programme comportait six axes : les sages-femmes ; les supervisions ; les dossiers médicaux ; les interruptions volontaires de grossesse ; les collectivités territoriales face à la santé ; et les conséquences du départ des ONG médicales.

[2] cf. Olivier de Sardan, 2001, 2015.

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