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N°126 «Lutter contre les mariages précoces par l’autonomisation des filles » Par Aïssa Diarra avec Idrissa Soiba T et Bréma Ely Dicko (Mali), Oumarou Hamani, Nana Issaley et Tahirou Ali Bako (Niger), Atavi-Mensah Edorh et Ibitola Tchitou (Togo), (2019)

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  • Dernière mise à jour 22/06/2022

N°126 «Lutter contre les mariages précoces par l'autonomisation des filles » Par Aïssa Diarra avec Idrissa Soiba T et Bréma Ely Dicko (Mali), Oumarou Hamani, Nana Issaley et Tahirou Ali Bako (Niger), Atavi-Mensah Edorh et Ibitola Tchitou (Togo), (2019)

« Musulmans et musulmanes du Niger,

Devant la gravité des faits et l’imminence du danger qui menace la cohésion sociale, les associations islamiques exhortent d’abord les enseignants hardis et inconscients qui se sont engagés à promouvoir l’immoralité dans nos écoles au cours de l’atelier de Dosso, à se repentir et à dénoncer publiquement leur contrat avec la gente féministe maudite.

Des promoteurs de ces enseignements apparus à l’écran de nos télévisions, les associations islamiques exigent une déclaration claire et ferme de renonciation définitive à ce projet et ce avant la fin de l’année scolaire définitive 2016-2017 qui est un instant solennel.

Les associations islamiques interpellent aussi les honorables députés nationaux pour qu’ils somment les responsables en charge des enseignements secondaires, du développement social, de la population et de la renaissance culturelle à venir s’expliquer à l’hémicycle sur cette question de la plus haute importance pour l’avenir même de l’école nigérienne.

Les associations islamiques ont également à l’œil, tous ces promoteurs des valeurs anti-islamiques et ces fossoyeurs de bonnes mœurs. Il s’agit particulièrement des personnes physiques et morales cherchant à introduire des projets de loi pour interdire le mariage des filles de nos villes et villages avant l’âge de 18 ans mais prêtes à protéger tous les actes immoraux de certains quartiers de Niamey. » [Extrait « Déclaration des associations islamiques contre la dégradation des mœurs et l’introduction de l’éducation sexuelle à l’école » du 25 mars 2017 publiée sur le site Niger Inter le 27 mars 2017[1]]

En introduisant ce rapport avec cet extrait de la déclaration des associations musulmanes du Niger, nous souhaitons illustrer d’entrée de jeu les difficultés de mise en œuvre des programmes de population, notamment ceux visant à améliorer le statut social des femmes dans ce pays où le phénomène du mariage précoce (MP) est fréquent. C’est dans ce contexte que l’Organisation non gouvernementale (ONG) Women in Law And Development in Africa (WiLDAF-AO) a initié un programme de recherche-action intitulé « Lutter contre les mariages précoces par l’autonomisation des filles en Afrique de l’Ouest » dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, le Mali, le Niger et le Togo, qui présentent des caractéristiques favorisant le mariage précoce (MP).[2]

Au Niger comme au Mali, on observe la montée d’un courant de l’Islam qui essaie d’imposer ses propres règles en s’opposant à la société politique et législative (Sounaye, Diarra & Issa 2017). Des pressions agressives, sur un ton extrêmement virulent, comme en témoigne la déclaration ci-dessus, ont ébranlé à plusieurs occasions les positions gouvernementales, et les ont même infléchies parfois. Au Niger, les exemples les plus frappants sont le projet du code de la famille et du statut de la personne, et le projet de loi sur la scolarisation de la fille incluant un module sur l’éducation sexuelle dans les programmes de l’enseignement secondaire : dans les deux cas, le gouvernement, à l’origine de ces projets, a dû reculer, face à la mobilisation islamiste qui avait ébranlé sa propre majorité à l’Assemblée nationale. Au Mali, sous la pression de certains courants religieux musulmans, le code de la famille adopté en 2011 est en nette régression sur le statut de la femme et de la fille par rapport à l’ancien. Au Togo, le MP est relativement moins pratiqué, mais les autorités nationales s’en inquiètent en raison de sa fréquence croissante dans certaines localités du fait de forces conservatrices de type religieux et traditionnel.

Mais ce ne sont pas uniquement les facteurs les plus visibles comme la religion qui expliquent la pratique du MP, d’autres logiques sont aussi à l’œuvre dans les conduites collectives et individuelles, qui obligent à considérer le phénomène comme relevant de la dynamique de facteurs multiples. La nécessité de comprendre en profondeur a guidé notre recherche basée sur une approche mixte, multi-sites réalisée dans les trois pays. Pourquoi et comment le MP est-il pratiqué et persiste-t-il dans certaines régions malgré les multiples projets mis en œuvre pour y mettre fin ? Les résultats de cette recherche pourront contribuer aux réflexions en vue de proposer des modèles d’intervention mieux adaptés aux contextes locaux.

Le présent rapport propose une synthèse des résultats des investigations réalisées au Mali, au Niger et au Togo. Il comprend quatre parties :

 


[1] http://www.nigerinter.com/2017/03/declaration-des-associations-islamiques-contre-la-degradation-des-moeurs-et-lintroduction-de-leducation-sexuelle-a-lecole/

[2] Ce texte reprend le rapport de synthèse du programme de recherche-action « Lutter contre les mariages précoces par l’autonomisation des filles en Afrique de l’Ouest », mis en œuvre par WILDAF-AO avec l’appui financier et technique du CRDI. Nous avons enlevé la partie du rapport qui concernait les propositions d’action en vue d’une phase opérationnelle.

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